Percée
par Anouk Llaurens
Je sens la lumière changer sur ma gauche. Je la sens devenir plus jaune derrière mes paupières closes. J’en déduis que le soleil est en train de percer à travers les grands arbres qui nous surplombent. Tout mon corps veut s’orienter face à ce changement. Je fais deux ondulations et me retrouve face à cette lumière. Tout le devant de mon corps apparait, chauffé par le rayon de soleil. Je me sens tournesol. Je pense au poème de Francis Ponge “Faune et Flore” dans “Le parti pris des choses”:
“La beauté des fleurs qui fanent: les pétales se tordent comme sous l’action du feu: c’est bien cela d’ailleurs : une déshydratation. Se tordent pour laisser apercevoir les graines à qui ils décident de donner leur chance, le champ libre.
C’est alors que la nature se présente face à la fleur, la force à s’ouvrir, à s’écarter : elle se crispe, se tord, elle recule, et laisse triompher la graine qui l’avait préparée.”
Naissance d’un mot-mémoire, après la danse de la danse de la marée
Théâtre des moutons , Les Minières, 6 mars 2024